Chronique: La Conversation pour gérer les entre-deux et bâtir la démocratie

Chronique: La Conversation pour gérer les entre-deux et bâtir la démocratie

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Un colloque international sera organisé, les 17 et 8 mai 2018, à l’Université de Naples « Parthénope », en Italie, sous l’intitulé « Entre-deux et nouvelle brachylogie : convergences et divergences de deux concepts ».Le colloque s’annonce intéressant de par la richesse des communications qui y seront présentées par des chercheurs de treize pays de quatre continents : Algérie, Allemagne, Belgique, Bulgarie, Canada, Côte d’Ivoire, Espagne, France, Italie, Maroc, Palestine, Tunisie, USA.

On le sait, « La Nouvelle Brachylogie » est un concept moderne initié en Tunisie (Université Tunis El Manar) en 2012 et Mme Beya Ben ABDELBAKI FRAOUA, Consule de la République de Tunisie à Naples, donnera une allocution à l’ouverture de ce colloque, avec le Recteur de l’Université de Naples « Parthenope », le Consul général de France, le Directeur de l’Institut français Napoli, le Délégué académique aux relations internationales de l’Université de Naples « Parthenope », le Directeur du Département d’études économiques et juridiques (DISEG) de l’Université de Naples « Parthenope » et la Directrice de l’École doctorale internationale en « Euro-langages et terminologies spécialisées » de l’Université de Naples « Parthenope ».

Ce qu’il importe de souligner ici, c’est peut-être l’éthique et la pensée inhérentes à ce concept fondé sur l’esprit de conversation comme paramètre principal et donnée fondamentale de tout projet de démocratisation. Aussi idéaliste que paraîtrait ce concept, il n’en reste pas moins dans cet idéal modérateur des comportements, inspirateur des éducations et stimulateur des espoirs.

Le concept nous appelle à revoir la notion de conversation dans son sens positif et non dans le statut antithétique que nous avons fini par lui donner comme « un bavardage sur des questions de moindre importance ». Il établit une relation horizontale entre les interlocuteurs et une discipline de brièveté dans le discours comme gage de respect réciproque entre eux et comme adjuvant du bon déroulement de la conversation en vue d’une convergence des idées et des propositions pour des projets partagés.

La logique de cette éthique et de cette pensée vise d’abord l’individu en tant qu’il constitue la cellule unitaire de tout tissu d’association, quelle qu’en soit la dimension : famille, localité, groupe de travail, association civile, classe, ville, région, pays, groupement géostratégique ou monde. Tourné vers ces structures sociétales, l’individu est dans son statut de citoyenneté avec l’égalité des droits, dont surtout celui de l’expression et de la participation, et l’obligation des mêmes devoirs dont surtout l’écoute et l’acceptation positive de la différence. D’un autre côté, en face de lui-même, l’individu est confronté au miroir de sa conscience et de l’interrogation pérenne le poussant toujours à repenser ses vérités et à les relativiser, en rapport à son être profond, existentiel dirions-nous, et à son environnement immédiat. En effet, un individu, même dans son apparente singularité, reste double et c’est ce dédoublement qui rend possible l’opération d’autocritique, d’évolution et de socialité. « Je est un autre », dixit Rimbaud.

On comprend alors l’introduction, dans l’argumentaire du colloque de Naples, du concept de « l’entre-deux ». Toute notre vie, en définitive, n’est-elle pas une éternelle recherche du meilleur mode possible de la gestion de l’entre-deux, que cela soit dans les lettres et les arts ou dans les autres commerces de toutes catégories : économiques, sociaux, politiques, environnementaux, etc. ?

Il nous revient alors aujourd’hui de (re)penser nos entre-deux pour un meilleur vivre-ensemble et pour nous rapprocher le plus possible de l’idéal de démocratie. Aussi conviendrait-il d’évaluer nos modes de communication ! Ne voyons-nous pas presque tous les espaces supposés être ceux de la conversation tourner à la cacophonie au nom du dialogue ? Plateaux médiatiques, instances et institutions de débat ou de discussion, réseaux sociaux, etc. ! Exaspérés par la dominance du monologue en régimes totalitaires ou autoritaires, devons-nous croupir dans la cacophonie pour apprendre la démocratie ? Soutenir une telle thèse n’est-ce pas comploter contre la démocratie en minant à la base toute (auto-)éducation à la conscience démocratique en tant qu’elle est acceptation d’autrui et de respect de ses droits ?

En définitive, beaucoup de chemin reste à faire pour la mise en marche des mécanismes appropriés à l’édification de vraies démocraties ; l’esprit de conversation comme mécanisme de gestion des entre-deux est la principale voie vers cette démarche : pensons-y et repensons la question sur cette base, en accord votre notre façon de dire, d’être et de faire. 

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