La conversation est au centre de la création du langage humain ; elle serait ainsi étroitement liée à toute interrogation portant sur l’existence de l’être humain, à la fois en lui-même et dans ses rapports réciproques avec les autres.
Cela n’a pourtant pas empêché la conversation de connaître des temps de bonheur et des temps de marginalisation.
Les premiers temps sont ceux où la conversation a cherché à s’inscrire dans une philosophie de la vie et dans une éthique concomitante. Les seconds seraient ceux où cette essence de la conversation a été détournée par différents pouvoirs, notamment ceux s’accommodant mal de ce qui dans la conversation remettrait en question leur tendance à abuser du langage pour mieux peser sur les consciences. D’aucuns trouveraient dans la pensée de Socrate un moment symbolique représentatif du premier statut de la conversation et un esprit en droite ligne vers la démocratie idéale. Cette orientation a convergé récemment vers un nouveau concept inspiré de cette pensée et particulièrement de la notion de brachylogie telle que suggérée par le « père des philosophes ».
En face de cette perception des choses, peut-être même à l’opposé, demeure la conversation telle que prévalant depuis les sophistes au moins, autrement dit comme un exercice (de) rhétorique, « classique », dirait-on. Là elle croiserait, ou serait dominée, sinon parfois remplacée, par le dialogue qui, ne perdant pas son rapport originel à la dialectique et à la polémique, mais retrouvant de nouveaux concepts comme celui du dialogisme, se voit investi d’une fonction littéraire, tous genres littéraires confondus, allant même jusqu’à lui valoir parfois le statut de genre littéraire. Et sans doute parce que beaucoup plus littéraire, le dialogue supporterait l’épreuve de la polysémie et de la métaphorisation (le dialogue théâtral ou romanesque, le dialogisme esthétique, le dialogue des cultures, etc.), tandis que la » conversation » paraîtrait monosémique et invoquerait le registre de l’oralité même quand elle est incorporée à un récit par exemple.
De quelque point de vue que l’on se situe, on ne saurait nier la place centrale et le rôle déterminant du couple « conversation et dialogue » dans toute interrogation sur le langage et ses modes d’expression, surtout la littérature, et sur les rapports entre les êtres humains, individus, groupes sociaux, peuples, sociétés et civilisations. Cette importance est accentuée par les moyens modernes de communication, à telle enseigne que le dernier quart du XX° siècle voit naître une discipline spécifique consacrée à l’analyse pluridisciplinaire de la conversation, à la fois dans son fonctionnement spécifique et dans ses rapports aux concepts et aux disciplines ci-dessus évoquées.
C’est dans cette mouvance et en interaction avec le nouveau champ des recherches brachylogiques que le département de français de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Kairouan organise le colloque international
Dialogue et conversation entre les pratiques linguistique, littéraire et socioculturelle
où différentes approches seraient convoquées. L’approche linguistique évidemment, au sens large, ouverte donc à la philosophie du langage, à la pragmatique et aux sciences de la communication. L’approche littéraire aussi, dans la mesure où toute littérature, au moins en tant qu’espace de représentation de la dynamique interactive et de la logique dialogique, n’est au fond qu’une conversation intra et intertextuelle. Mais encore l’approche socioculturelle et le comparatisme, dirions-nous, en vue d’actualiser les grandes questions liées à l’interculturalité, à l’interactivité civilisationnelle et à la pensée des sociétés et des modes de leur structuration et de leur gestion.
Les modalités de soumission des propositions :
– Un texte de 500 mots sous format Word ; – l’identité de l’auteur ou des auteurs (le prénom, le nom, le statut et l’institution de rattachement, adresse, E-mail, téléphone) ;
– Durée de la communication : 15 minutes
– Email d’envoi : mansourmhenni50@gmail.com & dorra.barhoumi@yahoo.fr
Dates à retenir :
Réception des propositions : du 1er octobre au 15 décembre 2018 (dernier délai)
Notifications de l’acceptation des propositions : 31 janvier 2019
Déroulement du colloque : 11-12-13 avril 2019
Publication des actes du colloque : Les articles sélectionnés par le comité scientifique feront l’objet d’une publication conforme aux normes académiques internationales.
N.B. : Les frais de voyage sont à la charge du participant et le séjour est offert par les organisateurs.
Responsables :
- Mansour M’henni (coordinateur du comité scientifique)
Mme Dorra Barhoumi (coordinatrice du comité d’organisation)
- Lazhar ayadi (directeur du département)
Comité scientifique :
Ali Toumi ABASSI (Prof. Université de laManouba)
Zouhour BEN AZIZA (Université Tunis El Manar)
Nizar BEN SAAD (MC. Université de Sousse – Tunisie)
Marc BONHOMME (Professeur émérite de l’Université de Berne – Suisse)
Sonia Zlitni FITOURI (Prof. Université de Tunis – Tunisie)
Sanae Ghouati (Prof. Université de Kénitra – Maroc)
Marc HERSANT (Prof. Université Paris Sorbonne 3 – France)
Gabrielle Le Tallec LIORET (Prof. Université Paris 13 – France)
Mansour M’HENNI (Coordinateur scientifique. Professeur émérite de l’Université Tunis El Manar – Tunisie)
Samir MARZOUKI (Prof. Université de La Manouba – Tunisie)
Kamel SKANDER (Prof. Université de Sfax)
Abderrahman TENKOUL (Prof. Université de Kénitra – Maroc)
Comité scientifique :
Mme Dorra Barhoumi (coordinatrice du comité d’organisation)
Lazhar ayadi (directeur du département)